Le coton bio est-il vraiment bon pour la planète ? Le polyester recyclé est-il si clean qu’il en a l’air ? Le Tencel est-il la solution miracle ?

Tu crois bien faire. Tu choisis un t-shirt en coton bio, une robe en lin made in France, un pull certifié Oeko-Tex®. Et pourtant… quelque chose cloche. Le tissu gratte, les coutures lâchent, l’impact écologique reste flou. La vérité, c’est qu’on te vend souvent du “vert” comme on vendait du “light” dans les années 2000 : avec un logo rassurant et zéro explication derrière.
Chez LYRIS, on en a vu passer, des “matières durables”. On a fouillé, décortiqué, demandé des comptes. Résultat : ce n’est pas parce que c’est “bio” que c’est clean, et ce n’est pas parce qu’on te parle d’écologie que la pièce est vraiment éthique. Alors, quels tissus sont vraiment responsables ? Quels sont les pièges ? Et comment ne pas se faire avoir ? Spoiler : on ne va pas te dire ce que tu veux entendre. On va te dire ce que personne ne dit.

Le coton bio : la star qui ne tient pas toujours ses promesses

Dès qu’on parle de "mode responsable", il revient comme un refrain. Et sur le papier, le coton bio coche beaucoup de cases :

  • cultivé sans pesticides chimiques,
  • moins agressif pour les sols,
  • meilleur pour les agriculteurs et pour ta peau.

Mais voilà, dans la vraie vie, ce n’est pas si simple.

1. Une culture encore gourmande en eau
Contrairement à ce qu’on lit souvent, le coton bio reste une matière très exigeante en ressources hydriques.
Oui, il consomme en moyenne 90 % d’eau bleue en moins que le coton conventionnel — quand il est cultivé dans des zones pluvieuses, comme l’Inde du Sud. Mais dans les zones irriguées ? L'impact reste fort.
Et cette nuance-là… bizarrement, personne ne la met en avant.

2. Traçabilité floue

Beaucoup de marques se contentent de dire "coton bio" sans jamais préciser d’où il vient, ni s’il est certifié.
Or, sans label indépendant (GOTS, OCS), impossible de garantir qu’il n’a pas été mélangé avec du coton classique au fil de la chaîne d’approvisionnement.

3. Le bio... qui cache parfois une logique low cost
Le coton bio peut aussi servir à verdir une chaîne de production opaque, notamment en fast fashion. Tu penses acheter mieux… tu finances juste un rebranding malin.


On t'explique toutes ces subtilités dans notre guide complet de la mode éco-responsable.

Polyester recyclé : vraiment éthique ou fausse bonne idée ?

Autre chouchou de la mode responsable : le polyester recyclé, souvent issu de bouteilles plastiques.
Sur le papier : moins de pétrole, moins de déchets, plus de circularité. Dans les faits : un scénario bien plus contrasté.

1. Une matière... pas toujours textile au départ
Ce polyester recyclé n’est pas issu de vêtements usagés, mais de bouteilles en plastique.
Résultat : on détourne un flux de recyclage qui fonctionnait bien (bouteille → bouteille) vers un cycle textile bien moins vertueux. Le saviez-vous ? Le recyclage textile-to-textile est encore marginal (moins de 1 % des fibres recyclées). Le reste est "downcyclé" en isolant, chiffons ou... incinéré.
2. Lavage = pollution
Même recyclé, le polyester reste une matière synthétique. À chaque passage en machine, il libère des microplastiques qui finissent dans l’eau et les océans.
Et ça, aucun label ne l’empêche.

Le Tencel : le tissu miracle ? Pas totalement

Le Tencel (ou Lyocell) a la cote : ultra doux, fluide, biodégradable, souvent présenté comme l’alternative parfaite au coton. Et c’est vrai que son process de fabrication est plus propre… à certaines conditions.

1. À base de bois, oui — mais lequel ?
Le Tencel est issu de pulpe de bois, souvent d’eucalyptus.
Mais si ce bois vient de forêts exploitées à outrance, sans gestion durable ? L’impact grimpe en flèche.

2. Solvants & opacité
Le Tencel standard utilise un solvant non toxique et recyclable, c’est ce qui le différencie de la viscose.
Mais toutes les marques ne prennent pas la peine de préciser s’il s’agit bien du Tencel™ certifié de Lenzing (le seul à garantir un cycle fermé).

Le lin et le chanvre : champions locaux, mais pas toujours durables

À force de chercher une fibre miracle, on a fini par redécouvrir les matières ancestrales : le lin et le chanvre.
Cultivés en Europe, peu gourmands en eau, robustes… Ils ont tout bon, non ? Presque.

1. Peu d’eau, peu d’intrants… mais beaucoup de nuances
Le lin, par exemple, pousse naturellement sans irrigation dans le Nord de la France ou en Belgique. Idem pour le chanvre. Mais une fois la plante récoltée, la transformation (teillage, filature, tissage) reste souvent sous-traitée en Asie, faute d’infrastructures locales.
Résultat : ton t-shirt “Made in France” peut avoir parcouru 20 000 km entre la fibre et la confection.

2. L’ennemi : la teinture
Même avec des fibres nobles, si la teinture est toxique ou mal contrôlée, l’impact reste élevé. Et c’est rarement écrit sur l’étiquette.

Ce qu’on ne te dit pas, c’est que ton t-shirt 100 % lin 'made in France' peut avoir été filé, tissé, teint… à l’autre bout du monde. On t’explique tout ça dans notre Guide du Made in France.

La viscose éco-friendly : greenwashing 3.0 ?

Derrière ce mot à consonance chimique, on trouve une matière semi-naturelle : une pâte de bois transformée en fibre textile via des procédés industriels.
Pas très sexy à première vue, mais certaines versions se présentent aujourd’hui comme “green”.

1. La viscose standard est un désastre
Forêts dévastées, solvants hautement toxiques, ouvriers en danger : la viscose classique est l’un des pires élèves de l’industrie textile.
Alors, certaines marques ont réagi… en rebaptisant légèrement la chose.

2. EcoVero™, Modal™, etc. : mieux, mais à lire entre les lignes
Les alternatives certifiées, comme EcoVero™ de Lenzing, utilisent moins d’eau, des forêts gérées durablement, et un circuit fermé de production.
Mais attention : si la marque n’indique pas clairement le nom du label ou du fabricant, c’est souvent du “viscose à l’ancienne” qui ne dit pas son nom.

Alors, on porte quoi ? Spoiler : aucune matière n’est parfaite

Désolé si on casse l’ambiance. Mais croire qu’il existe une matière 100 % clean, 100 % locale, 100 % recyclable, zéro impact, zéro compromis… c’est un mirage.
Ce qui compte, ce n’est pas la fibre seule, mais l’histoire complète derrière le vêtement :

  • Où a-t-elle été cultivée, filée, tissée ?
  • A-t-elle été traitée avec des substances toxiques ?
  • Qui l’a transformée, dans quelles conditions ?
  • Est-elle vraiment recyclable… ou va-t-elle finir à la benne ?


Au-delà du tissu, c’est aussi ce que tu fais de ta pièce qui compte. Tu veux la faire durer ? Voici comment entretenir tes vêtements durables.

Ce qu’on défend chez LYRIS

Chez nous, on ne prétend pas détenir la vérité. Mais on s’engage à :

  • Préciser la composition exacte de chaque pièce
  • Indiquer les lieux de production (à 99 % en France, du fil à la couture)
  • Choisir nos partenaires pour leur savoir-faire et leur transparence
  • Et quand c’est upcyclé, on le dit — fièrement.

Parce qu’au final, un vêtement éthique, c’est d’abord une histoire claire, et non un tissu miracle.


On n’est pas parfaits, mais on assume chaque choix. Un peu comme Patagonia, pionnier d’une mode éthique exigeante.

À retenir : les bonnes questions à se poser avant d’acheter

Avant de craquer sur un vêtement “green”, on t’invite à checker ces 5 points :

  1. La matière est-elle naturelle, recyclée, ou synthétique ?
  2. La traçabilité est-elle précisée ? (lieu de production, nom du tissu)
  3. Un label est-il présent ET vérifiable ?
  4. Le produit est-il conçu pour durer ?
  5. La marque est-elle cohérente sur l’ensemble de son vestiaire ?

Si tu n’as pas la réponse à ces questions… ce n’est pas un vêtement durable, c’est du marketing bien emballé.